Apple invente le business modèle du bien culturel payant

Assiste-t-on à un changement de business modèle dans l’offre de contenu sur Internet ?

La presse a plutôt adopté le modèle de l’information gratuite financée par la publicité et l’usage du p2p rendait la musique quasiment gratuite, même si évidemment cette pratique n’est pas légale.

L’arrivée de l’écosystème iTunes associé à l’iPod a montré qu’il est possible de vendre de la musique sur Internet, finalement de redonner de la valeur marchande au bien culturel musical. Bien sûr, le business modèle d’Apple n’est pas seulement centré sur la valeur de la musique, mais aussi sur le service rendu par l’iPod.

En fait, Apple gagne beaucoup plus d’argent, pour le moment, avec ses ses dispositifs de diffusion : iPod, iPhone, Apple TV et bien sûr sa gamme d’ordinateur, qu’avec la vente des contenus. La marge sur les ipod peut aller jusqu’à 40 $ alors qu’elle n’est que de quelques centimes de dollards pour la musique. En 2009, iTunes représentait 1/4 du marché des ventes de musique sur Internet au Etats-Unis mai les 1 milliard de morceaux vendus ne comprensent pas pour le moment les faibles marges effectuées sur la musique. La vente d’application sur l’App store est toutefois susceptible à terme de générer des revenus très importants, notamment avec les applications professionnelles, mais pour le moment les revenus semblent assez faible par rapport aux autre activité d’Apple, entre 15 et 85 M€ suivant les estimations. Sans oublier bien sûr, le bon démarrage des ventes de vidéo sur l’iTunes.

Le choc provoqué par l’iPad

Le lancement de l’iPad, cette sorte de tablette à tout faire, n’est que la continuité de cette stratégie qui consiste à créer un écosystème de diffusion de contenus culturels et une cohérence d’usage des produits d’Apple.

Ce qui semble aujourd’hui intéressant c’est que la stratégie d’Apple a un fort impact sur le secteur des télécommunications et de l’Internet. L’iPhone a créé un choc dans ces industries et accéléré la mise le marché des smartphone par l’ensemble des fabricants de téléphone portable et une stratégie d’imitation avec la mise en place de magasins on-line d’applications.

Mais conséquence étonnante, alors qu’on assistait à une résistance de la part du secteur de l’édition sur la diffusion numérique, l’iPad leur apparait comme une plate-forme crédible, sur laquelle ils peuvent à la fois gagner de l’argent, et sécuriser leurs contenus. Du coup, même la presse envisage de vendre ses contenus, notamment pour une diffusion sur l’iPad. Certains journaux ont adopté un modèle totalement payant : Le Times, le Sunday Times, ou semi-gratuit : le Financial Times, Le Monde, Libération et le Figaro. Voir l’article de Libération sur le sujet

Créer de la valeur sur l’offre culturelle

Apple pousse donc les créateurs de contenus à adopter le modèle de la vente de contenus. Est ce un progrès ou un retour en arrière ? En tout cas, c’est une vraie rupture, peut-être le début d’un changement global de business modèle dans les industries culturelles.
Est-ce une assurance de la rémunération des créateurs ? Une forte capture de la valeur par Apple ? Une reprise en main par les producteurs ? L’avenir nous le dira. Néanmoins, les éditeurs devraient en profiter pour créer une offre de contenus en créant de nouvelles formes de valeur. Je ne suis pas persuadé que simple transfert du livre ou du journal Internet sur iPad suffise à rendre l’offre intéressante pour l’internaute.

Par exemple, pour la musique, Apple avec iTunes n’offre pas que l’accès à de la musique, mais aussi à sa gestion, et à du conseil d’achat. Il manque toutefois  les paroles, l’histoire de l’artiste, sa discographie, pour en faire une vraie offre de biens culturels. Peut-être même qu’à terme le forme même de ‘offre médicale serait susceptible d’évoluer, de la structure de l’album vers la production en contenu.

Quelle service faut-il créer sur l’écrit pour lui assurer de la valeur au delà de son contenu ? Est-ce le catalogue, l’accessibilité, la qualité, la critique, l’information sur les contenus, la mise en contact entre passionnés…

Pour ma part, j’attend avec impatience l’iPad, non pas pour l’aspect technologique de l’appareil, mais bien pour ses effets sur l’industrie et sur les usages de la consommation de biens culturels numériques.

2 Replies to “Apple invente le business modèle du bien culturel payant”

  1. GuyNo Gravatar Auteur de l'article

    Effectivement, les Apple Stores mettent en place un marketing très particulier. Votre analyse est pertinente d’autant plus que Steve Job, le plus gros actionnaire privé de Disney a été appelé à la rescousse des Disney Stores qui sont en perte de vitesse. Les boutiques Apple sont parmi les plus rentables au monde au m2, elle générerait 50600 $/m2

    http://www.lesechos.fr/info/distri/020171801248-steve-jobs-vole-au-secours-des-boutiques-disney.htm

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