Le makestorming, l’art d’hacker l’organisation, se propose de changer la culture d’entreprise pour remettre la collaboration, l’action et la joie de bien faire au cœur de son « système d’exploitation ». La figure du hacker, traditionnellement associé à celle du pirate informatique, est ici généralisée de façon positive à l’intrapreneur qui souhaite changer les choses de l’intérieur. L’approche mise au point par les auteurs permet d’intégrer petit à petit la culture de travail qui fait le succès des start-up, avec des projets en mode sprint et des pratiques collaboratives efficaces. Elle combine le meilleur des méthodes agiles, du design, du digital, des makers et propose des cas pratiques, des conseils concrets et des fiches d’exercices pratiques, canevas de hack et infographies pour passer à l’action. La notion de sprint, basée sur l’action et « le faire », est au centre de leur démarche. Un sprint concentre toutes les parties prenantes d’un projet sur un même lieu et sur un temps court afin de travailler ensemble, de manière créative, et dans une ambiance joyeuse et amusantes, sur des solutions à mettre en place rapidement. En droite ligne du paradigme des entreprises libérées, le livre propose plutôt de changer l’entreprise en partant de la base et non des dirigeants. A la fois manifeste et outils d’action, Makestorming, le guide du corporate hacking est au final un livre rafraichissant, bien illustré et bien outillé, et fondamentalement optimiste, qui donne envie de passer à l’action pour développer la créativité de son organisation.
Le livre fait référence au courant des entreprises libérées et il s’en démarque en privilégiant un changement qui vient de la base et non des dirigeants. Toutefois, si la méthode est intéressante et probablement directement applicable de façon concrète, on peut regretter un manque de prise en compte du contexte dans lequel va être déployée cette méthode. Renouveler le rapport au travail est intéressant, mais pour quoi faire ? S’agit-il de redonner du sens au travail ? De booster la compétitivité des grandes organisations pour qu’elle fasse encore plus de profit sans pour autant les redistribuer à ses « joyeux » collaborateurs ? Autant la logique start-up peut justifier un engagement total dans un projet stimulant quand la réussite du projet peut être partagée entre tous, autant elle pose la question de l’instrumentalisation organisationnelle d’un nouveau paradigme du travail qui exigerait un engagement total des collaborateurs sans contrepartie. Il ne s’agit pas ici de bouder notre plaisir face à ce beau livre stimulant mais plutôt de poser les questions qui nous permettrait d’aller plus loin dans la réflexion sur la refondation des organisations à l’ère du numérique et de la globalisation.
A lire : Makestorming, le guide du corporate hacking de Marie-Noéline Viguié et Stéphanie Bacquere. Les Editions Diateino.
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